Baléares - Formentera - Mayorque

 le Nov. 5, 2023 par Collectif

Rendez vous aux baléares pour le mariage de David

Dimanche 29 Octobre

10h départ pour Formentera , Ibiza 145 miles, la petite brise sud-sud-ouest laisse présager une arrivée probable lundi en fin de journée. Au mieux...

Tra il dire e il fare c'e di mezo il mare. On stoppera vers midi au Puerto de la Sabina à Formentera. Pas si loin somme toute d’Ibiza.

Il faut aller chercher le vent au moteur derrière le cap de Agua puis on file 5-6Nx au spi sur une mer plate jusqu’à la nuit. Puis on tangonne le Génois.

Le vent forcit vers 5h, il faut prendre un ris pendant le quart de Momo….

Après un début de descente de la grand voile, celle ci se bloque, impossible de la descendre plus bas, on la remonte et la redescend plusieurs fois, rien à faire… Après observation avec les frontales sur nos têtes, nous découvrons qu’un brin du lazy jack est bloqué dans un chariot ( auquel est attachée la voile et qui circule dans une gorge le long du mât). Il faut monter au mât jusqu’au-delà de la première flèche. Houle et vent ( 20 à 25noeuds) nous font hésiter. On pourrait essayer de continuer sans ris, mais si le vent forcit, cela peut devenir plus grave. Maurice se propose de monter…

Maurice : « J’accroche ma sangle au hauban à fin de la faire monter avec moi. Je m’accroche aussi à une drisse en faisant un proussic (nœud de friction qui bloque quand on met une pression) pour le cas où !… Et me voilà dans l’escalade… Jusque sur la baume, facile, bien que le mât, tel un cheval sauvage tente de me désarçonner à chaque vague… Faut continuer, moins facile, mais les marches que François a installées le long du mât me facilitent considérablement la progression. Puis plus d’échelon… Je m’accroche au mât, l’embrasse, l’étreint et me hisse sur les barres de flèche. Le mât serré entre mes jambes, le bras droit l’étreignant, lui expliquant que je suis son ami, mon bras gauche glisse vers le haut, s’accroche au guindant, je dois me hisser un peu plus, me grandis, recommence, glisse mon bras, ma main , m’accroche au guindant puis atteint le chariot … Faut décoincer le bout, un essai en tirant : non, impossible… Je monte le proussic, l’assure, pose un genou sur la flèche, attrape le fil par en dessus… ça y est il se débloque, je l’attache sur le bas hauban et enfin redescends… ouf dix minutes ou peut être cinq…mais c’était long. Yes ! on peut prendre un ris et tout rentre dans l’ordre, le bateau reprend sa course gaiement. ».

Le vent forcit, avec les vagues qui nous poussent, on dépasse régulièrement les dix nœuds (record battu : 11,40 Nx). On arrive à Formentera vers midi, pas de problème, une belle place à la Sabina marina de l’île. Après une bonne sieste qui dure presque jusqu’au coucher de soleil, une visite sommaire de l’ile s’impose. Un bus nous emmène vers Sant Francesc Xavier, petite bourgade où, miracle, la panaderia vend encore des boules de pâte d’amande aux pignons qui agrémentent notre apéro sur la place de l’église à l’architecture aussi sobre que l’ambiance est foisonnante.

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Ayant raté le dernier (ou avant dernier) bus, on rentrera en STOP, en dépit de incrédulité de certains pour cette méthode de transport pour le moins désuète, il faudra moins de 10 minutes pour qu’une voiture s’arrête, un couple de colombiens se déroutera de son chemin pour nous déposer au pied du bateau ...

Mardi 31 Octobre

Le coup de vent annoncé se confirme pour Mercredi 1Novembre dans l’après midi entre Ibiza et Palma.

On avait pensé faire une halte au Nord d’Ibiza et attendre un vent de nuit pour traverser. Bien nous a pris d’y renoncer, on arrivera certes à l’aube du 1 Novembre à Palma, mais nous passerons la matinée à trouver un port qui veut bien nous accueillir juste avant le début des hostilités

Mercredi 1 Novembre

Au petit matin nous nous présentons devant le port de Palma. Tous les appels aux différentes Marinas se soldent par des refus sans discussion. La météo fait rentrer à terre tous les bateaux qui voguent aux environs, de plus la Fête des morts, en Espagne, met en sommeil presque toutes les activités. Pour finir, Palma rassemble un nombre consternant de yachts de luxe voire d’hyper-luxe. Le contraste est s’autant plus net pour ceux qui ont mouillé à Al Hoceima moins d’une semaine auparavant.

A la sauvage on se dirige vers la Marina la plus chic et on se cale sur le quai le plus proche de la ville. Trois minutes après, la sécurité veut nous virer. Discussion, palabres diverses… On nous donne une heure pour dégager….

On finira par se poser au très dispendieux club nautique de San Antonio de las Playas, où nous sommes quasi-pris en otage tant que le sérieux coup de vent hurle dans les haubans.

Le soir nous allons manger une paella, là nous rejoignent Francesco et Marta des amis de Momo de l’époque de San Antonio (Caracas). Francesco, fils d’un légionnaire italien et d’une vietnamienne, a travaillé au Vénézuela comme chimiste-céramiste à Caracas et Puerto la Cruz mais aussi au fin fond de l’Amazone pour fabriquer des tuiles dans les pueblos. Marta est vénézuelienne, professeur de math à l’IUT de Caracas. En es écoutant, on peut aussi voyager autour d’un verre !

Maurice :

« Le programme initial de navigation était, après le Maroc, de continuer vers l’Algérie, mais , n’ayant personnellement pas réussi à obtenir mon visa à temps, nous avons décidé de raccourcir notre séjour en Algérie car nous savions que je serais immanquablement confiné sur le bateau. De plus, j’avais un rendez vous important à Palma de Mayorque : le mariage de David et Cécilia. Donc, nous avons ajouté une destination à notre périple : les Baléares.

Un bond dans le temps et l’espace : entre 25 et 45 ans en arrière et de l’autre côté de l’atlantique, au Vénézuéla !

Première retrouvaille : Francesco que je n’avais pas vu depuis quinze ans et dont j’ai vu grandir deux de ses enfants, Anaëlle et Naomi. Marta sa compagne depuis plus de trente ans est en outre la championne du pabellon criollo (spécialité culinaire du Vénézuéla). Nous sommes notamment partis ensemble pour une expédition au sud du pays : l’ascension de l’Aüyantepuy. »

Jeudi 2 Novembre

Depuis quelques temps nous avons enchainé une nuit sur deux en navigation. Nous commencions à peine à nous attacher à ce rythme quand il est rompu par la météo. Orphelins de mer, nous allons rester sédentaire quelques jours. Mais au matin du 2 Novembre nous nous éveillons à quai dans un calme très relatif.

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Le bateau est bien arrimé avec deux pendilles à l’avant, quatre aussières à l’arrière, bien calé entre deux 15 mètres. On tangue, on roule au rythme du mugissement du vent dans les haubans, des drisses qui frappent le mat et des plaintes répétitives des parre-battages qui frottent et se tordent entre deux coques. Et subitement, le cri déchirant d’une poulie ou d’une aussière qui semble appeler à l’aide pour que cesse enfin cette sournoise torture de l’invisible sur la matière. De l’esprit des éléments sur la chair du navire. Bref, on a très bien dormi…

Chacun vaque à ses occupations, matelotage, photos de tempête, gastronomie, arts graphiques, écriture et toujours la mer en voisine déchainée, à notre porte ouverte aux quatre vents.

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Le ballet des kite surf , planches à voile et autres ailes est impressionnant. Ils bondissent, volent, tournent, jaillissent, sur les vagues déchainées qui déferlent sur la plage à un rythme infernal !

« Il est doux, quand la mer est haute et que les vents soulèvent les vagues, de contempler du rivage le danger et les périls d’autrui, non pas que l’on prenne un plaisir si grand de voir souffrir son prochain, mais parce qu’il y a une douceur à voir des maux que soi-même on n’éprouve pas. » (Lucrèce)

Le soir, Marco et David, deux autres amis de Momo nous retrouvent sur le bateau.

Maurice :

« Deuxième retrouvaille, tous deux sont les enfants de John et Peggy, un couple argentin, grands amis, avec qui j’ai partagé de nombreux moments au Vénézuéla, nos enfants si souvent ensemble à La Colonia Tovar (village dans la montagne andine près de Caracas) ou à La Mariposa (colline des faubourg de Caracas).La dernière fois que nous nous étions embrassés, c’était à Cordoba, en Argentine, il y a cinq ans. »

Vendredi 3 Novembre

Au matin la vitesse du vent est plus forte encore. Jusqu’où montera-t-elle ?

Les kite-surfs et d’autres grands oiseaux sont encore là !

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Belle balade à Palma. Nous y allons en Bus. L’ après midi, quatre amis de Maurice se joignent à nous jusqu’au soir. Super journée emplie de rires et sourires !

Maurice :« Il y a Marco et David que j’ai déjà présentés, mais aussi Cécilia, la future épouse que je suis enchanté de découvrir, belle et souriante et aussi Alfredo, un de leurs amis d’Argentine qui habite à Madrid. »

François : « En les voyant réunis, on est de retour en Amérique du Sud, éclats de rire, connivence, amitié, amour ! Bref c’est La bande à Momo. »


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