Départ d'Annaba pour Tabarka, premier port d'entrée en Tunisie. On vous fait grâce de la description des formalités de sortie...

Lors du passage au port de pêche pour faire le plein de gasoil, les pêcheurs voisins, ayant repéré le léger "assent" marseillais de Momo l'entreprennent immédiatement sur les déboires de l'OM !

Les goûts de Momo pour le fouteball étant bien connus, il fait habilement dévier la conversation sur la beauté du port de la Ciotat. Cet échange montre une fois encore l'intérêt que nous portent les algériens quels qu'ils soient.

On part vers 12h, pour une arrivée probable la nuit à Tabarka.

La chasse aux mouches: De nombreuses mouches algériennes ayant profité de nos escales( on en avait certainement embarqué clandestinement à Palma) ont profité de la croisière pour se reproduire à une vitesse insectoponentielle. Nous dûmes intervenir! François nettoyait frigo et tiroirs, placards et armoires pendant que Momo tuait à coup de mots fléchés et de sudoku (tapettes improvisées) les plus vaillantes. Pour une descendue, il en surgissait dix autres, pif, paf, pouf, pam, le record du petit tailleur n'a de toute façon pas été battu! Enfin, quelques heures plus tard, nous en vînmes à bout!

La mer est belle, le vent régulier 15-20nx portant, on arrive plus tôt que prévu à 20H à Tabarka, premier port d'entrée en Tunisie.

C'est une vraie délivrance pour Momo !

Les formalités d'entrée sont semblables à celles vécues en Algérie: Capitainerie, gardes côtes, douane, police des frontières mais expédiées beaucoup plus rapidement et évidemment pas de problème de visa pour nous.

Dès ce soir, nous sortons nous promener dans la ville boire un thé!

Escale à Tabarka.

Promenade jusqu'au fort qui domine la presqu'île, retour en ville, couscous, déambulation.

Vers 15h, nous nous asseyons à une jolie terrasse décorée de faïence pour boire un "thé à la menthe"... Très fort le thé, un puissant arôme Vick nous surprend! François, en colère (autant que faire se peut) part interroger le serveur qui lui montre naturellement la bouteille de sirop de menthe. Conclusion: demandez du "thé" et il sera tout simplement servi à la menthe et sucré.

Le soir, à 18h, nous allons au hammam public...on se sert de seaux et d'écopes... eau à 60 degrés, c'est très chaud , c'est trop chaud sur le corps...après un moment, on s'aperçoit que les usagers utilisent aussi de l'eau froide pour faire leur mélange... enfin, on passe un super moment de détente et on sort propres comme des sous neufs !

Départ pour Bizerte.

Trajet de 13h dont 10h de moteur car il le vent tombe très vite et ne revient que le soir.

ça faisait longtemps que nous n'avions pas vécu cette situation (sur les côtes du Portugal)... on s'y habitue, mais ce serait bien d'insonoriser le compartiment moteur; on s'y habituerait plus facilement ! Le soir, on est vraiment content quand ça s’arrête !

Le moteur passe cette épreuve sans problème, on peut compter sur lui, c'est rassurant.

Nous arrivons enfin vers 22h au port... personne ne répond sur les canaux de radio VHF, mais il y a toujours quelqu'un sur les quais pour nous faire signe, nous montrer une place et nous aider à accoster.

Escale à Bizerte

Dès le matin, nous partons pour une grande randonnée à travers la ville (une trentaine de kilomètres) . Nous découvrons le vieux port de pêcheurs et la Casbah.

Nous partons ensuite pour les quartiers plus récents sur les hauteurs de la ville.

Nous arrivons même à nous perdre dans le quartier militaire... photos interdites ! (Des gardes ont même demandé à François de leur montrer les photos qu'il avait prises auparavant).

Départ pour Sidi Bou Said (Carthage)

Là, il y a du vent portant, au départ travers puis arrière, le trajet se fait en un temps record avec des pointes à 9nx, incroyable! Nous arrivons vers 16h à la marina avec une petite frayeur: l'entrée est ensablée (on le savait), il y a une bouée tribord qu'il faut contourner largement, et nous, perdant confiance et pensant que ce n'était pas la bonne bouée nous aventurons au pas laissant la bouée à bâbord avec le sondeur. Très vite, il marque 2m, 1,8m, 1,6m, 1,4m (notre bateau cale à 1,8m)... On s'attend à toucher, pourtant, oh! chance, le bateau ne touche pas?? ... On est passé à la limite du banc de sable. Ce soir restaurant "Le pirate" en face de la marina.

Plusieurs coups de vents sont annoncés, on en profite pour explorer les richesses archéologiques de Carthage.

Visite de Carthage, maisons romaines, thermes d'Anthonin, réservoirs et aqueduc, amphithéâtre, cathédrale saint louis, théâtre romain, quartier des colonnes, port punique... tous ces endroits sont éparpillés dans la ville. Nous dédions deux jours à Carthage et prenons le train ou le bus pour aller à la station "Carthage Hannibal" d'où nous partons à pieds pour de belles randonnées à travers la ville. Nous trouvons que même si les pierres portent notre histoire et sommes émus devant les vestiges que nous visitons, ceux-ci sont en piteux état et le vandalisme des gens des siècles passés y est notoire. Lors de la visite des "maisons romaines" nous faisons la rencontre de Khaled. Cet homme de notre âge, au delà de nous servir de guide raconte volontiers la vie en Tunisie depuis l'après guerre et notamment son enfance avec les époques de Bourguiba et Ben Ali. Il nous rappelle qu'à cette époque, la parole n'était pas libre et la corruption existait évidemment. Il souligne entre autres les désillusions qui suivent le printemps arabe et la déception du peuple lors de la domination du parti Ennahdha. Ce parti était pourtant vu par la jeunesse comme un facteur de changement... aux dernières législatives, sur 5 millions d'électeurs, seulement 600milles votent pour se parti (Ennahdha avec un quart des sièges reste le premier parti). Ce mouvement n'a pas réussi à répondre à l'impatience sociale et à la crise économique et n'a pas su combattre la corruption. Dernièrement (mars 2022), le président Kaïs Saïed a dissout le parlement . Selon notre guide, il l'a fait accusant les membres du parlement de bloquer tous les projets étant eux mêmes téléguidés par les grandes familles possédantes (et aussi, le Qatar et la Turquie). Kaïs Saïed s'est arrogé les pleins pouvoirs et il semble (toujours selon notre guide) qu'il est en train de débloquer plusieurs projets (autoroutes, démarrages d'usines, contrôle du commerce de l'huile, etc).

Deux autres jours sont dédiés à des excursions à Tunis.

Le premier jour,nous préparons un picnic pour profiter pleinement de la journée et partons prendre le train qui est à un quart d'heure de marche. Dans le train, nous apprenons que nous devons marcher à pied entre deux stations... c'est l'occasion de marcher dans le fameux quartier de "La Goulette" ancien quartier juif.

Entre la mer et la ligne de chemin de fer,La Goulette, foyer historique de la communauté juive n'est plus que l'ombre d'elle même ; ils sont partis...

Nous voyons au passage que le pont du train sur le canal s'est écroulé et ne sera réparé que d'ici ... un certain temps. A Tunis, arrivés par les transports publics tunisiens nous marchons un moment au milieu de la circulation avant de trouver l'entrée du musée, les touristes arrivant en général en taxis ou en bus.

Devant le musée du Bardo, avant d'aller faire la visite, assis sur d'antiques restes de colonnes, une averse nous surprend au moment où nous sortons notre picnic. Nous nous abritons comme nous pouvons sous les eucalyptus... Et c'est restaurés mais trempés que nous entamons la visite de la magnifique collection de mosaïques puniques, romaines et byzantines.

Ici un Jacusi à la romaine

Le deuxième jour nous visitons la cathédrale et la Médina de Tunis.

Au centre de celle-ci, dans les locaux du palais du Bey (ou plutôt ses restes), se trouve une exposition de produits artisanaux provenant de l'ensemble des régions tunisiennes.

François y achète un tapis Kilim Berbère: Les tapis "Kilim Berbère" sont d'une qualité exceptionnelle, tissés et rebrodés à la main, ils permettent d'apporter une touche méditerranéenne berbère à votre intérieur !

Nous pensions aller directement à El Kantaoui mais aprés avoir passé le cap Bon, le vent tombera.

Nous arrivons devant Kalibia et nous savons qu'il va tourner et souffler fortement à contre. Aussi, nous décidons d'attendre bien sagement mardi matin.

Kalibia est un grand port de pêche. Il y a peu de place ou plutôt pas de place. Les autorités, aidées des pêcheurs nous trouvent un petit coin devant le bassin de radoub, nous sommes très bien accueillis. Les formalités sont simples et très rapides.

Le soir même nous faisons une marche vers le centre ville pour trouver du pain et boire une bière... elle sera longue et bien sûr, ce sera un thé et nous retournerons en taxi, ouf!

Lundi, visite du fort où l'on apprend que cette ville est très ancienne. Site punique fondé vers 500 av.J.C, s'y sont succédés les carthaginois, les grecs, les romains, les byzantins, les arabes, les ottomans, les français, les allemands et italiens et enfin, les tunisiens...

Dérnière étape de notre voyage d'automne , destination le port d'El Kantaoui.

Formalités d'usage, Police des frontières et Garde Nationale enrégistre notre départ et notre destination. Au cours du trajet nous serons contacté par la Garde Nationale qui nous suivra pendant le trajet.

On a attendu à Kelibia que le vent soit mieux orienté pour cette étape, on aura de l'Ouest-Sud-Ouest 15-20nx au départ puis de l'Ouest, ce qui nous permet de faire une route directe vers El-Kantaoui.

La houle résiduelle du vent Sud de la veille est là face à nous et on avance péniblement entre 4 et 5 nx, avec 1 ris. Dès l'entrée dans le golf d'Hammammet la houle s'oriente petit à petit Sud-Ouest Nord-Est, parallèle à nous, on passe à 6nx de moyenne, on arrivera quand même à la nuit car il y a 65 miles à parcourir.

Comme d'habitude personne ne répond à la VHF, mais il y a bien deux marins qui nous font signe dès notre entrée dans le port, visiblement nous étions attendus.

Placés provisoirement à l'entrée du port devant la capitainerie les formalités d'arrivée sont vite expédiées. La Garde Nationale nous accueille en premier et pendant qu'un agent enrégistre le bateau un autre m'invite à m'assoir en me proposant des dates, des mandarines et une bouteille d'eau minérale, accueil première classe !

El Kantaoui, est une grande marina assez récente, au milieu de résidances de vacances, de restaurants et de boutiques d'artisanat Tunisien. On est dans une région trés touristique de Tunisie, la grande ville la plus proche est Sousse, avec sa gare, son port de commerce et sa medina.

On avait remarqué dès Tabarka un énorme "promène c.......s" , caricature de bateau pirates. On en trouvera dans chaque port de Tunisie, il y en a 2 a El Kantaoui, et le record à ce jour est à Sousse où un quai leur est réservé, j'en ai compté 5.

Ce soir on nous propose une place mieux abritée sur un ponton flottant à l'intérieur de la marina. Petit gris est à sa place pour passer l'hiver. Voici la vue quand on ouvre le capot de la descente :

Cette fois c'est la fin de la fin, on range le bateau, on fait laver tout le linge au pressing du port, ils nous rendront le linge lavé, séché, et plié pour un prix plus que raisonnable.

On rince, on plie et on range les voiles , on place à l'intérieur du bateau tout ce qui craint le soleil et/ou l'eau, petit-gris est fin prêt pour les quelques mois d'hiver.

J'accompagne Momo à la gare de Sousse pour prendre un train pour Tunis. On en profite pour faire un dernier petit tour dans la médina, et on met en pratique notre petite expérience en marchandage.

A propos de marchandage, c'est tout à la fois, une tradition, une pratique courante et une discipline complexe pour nous. En occident on parle de négociation dans les échanges commerciaux. Il s'agit de la même idée sauf qu'elle se pratique ici à des niveaux plus petit.

Tout commence par le constat qu'aucun prix n'est affiché, c'est le signe de départ qu'il doit y avoir négociation. Le commerçant annonce un premier prix, qui est selon le cas de 2 à 10 fois la valeur réele de l'objet, et c'est la première difficulté, il faut faire une première estimation de ce coéficient pour faire son offre. Si notre offre est vraiment trop basse elle sera perçut comme insultante, trop haute elle sera acceptée immédiatement et s'en sera fini de la négociation. Si le commerçant fait une contre offre, c'est bon signe, signe que la véritable négociation a commencée, il faut alors avancer des arguments, sur la qualité du produit, la finition, et il fera de même. Si le prix ne progresse pas il ne faut pas hésiter à faire mine de partir, le commerçant vous ratrapera avec une nouvelle proposition, etc...

Il faut qu'à la fin les deux partis soient satisfaites du résultat, c'est une sorte de recherche du gagnant-gagnant.

Disons pour être sincère qu'on n'est pas très doué à ce jeux là, mais le rendez vous est pris, ce printemps quand on reviendra on tachera de faire mieux.